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LES AFFICHES DES CAMPAGNES DE RECRUTEMENT DES TROUPES COLONIALES 1900-1958

P . KELLER

Mise en page pour le Net MAGUET Jean-Pierre

Reprise de l'article publié dans le Bulletin de S&T N° 155 remanié pour le Site

Remercions le Site http://www.troupesdemarine.com qui nous a offert gracieusement les photos faisant défaut

A la marsouille , celle qui a connu ces affiches et à ses morts. A mes compagnons , marsoins et bigors avec qui j'ai partagé un momemt de notre épopée coloniale .

Depuis la dernière guerre l'affiche a ses musées et fait l'objet de nombreuses publications. Mais au cours de nos recherches, nous n'avons trouvé nulle trace d'un écrit sur le sujet qui nous intéresse particulièrement : celui des affiches éditées par le Ministère de la Guerre au titre des campagnes de recrutement des Troupes Coloniales. C'est dire que nous nous aventurons sur un terrain inexploré. Aussi convient-il de préciser notre propos: plutôt que de présenter une étude incertaine ,nous préférons - plus modestement et seulement - montrer.

Montrer ce que furent ces affiches qui nous sont parvenues : fragiles, jaunies par le temps mais aux couleurs encore éclatantes, évocatrices de pays lointains porteuses de rêves, d'idéal,d'épopée...

Elles sont autant de témoignages qui ont jalonné la brève existence des Troupes Coloniales (1900 - 1958) et la page glorieuse qui ces troupes ont inscrite dans notre histoire militaire.

Puisse le lecteur les voir, les imaginer dans le cadre de leur époque, celle ou l'Empire Colonial Français s'édifiait, s'épanouissait, pour atteindre son apogée entre les deux guerres mondiales. Alors il comprendra mieux ce qui signifiait : Partir ... Voyager... Allez aux Colonies...

Partir !... c'était emporter le souvenir d'une France ou l'on chantait dans les rues " Ma petite Tonkinoise"..."Nuits de Chine" ... Ou, sur les murs s'étalait le large sourire de " Y' a bon Banania"... On allait voir la revue nègre .. " l'Expo Coloniale" ouvrait ses portes . On glorifiait la mission civilisatrice de la France. Les Français étaient fiers de leur Empire et les petits écoliers apprenaient que loin , dans les cinq parties du monde , leur pays était présent .

Voyager!... Quand il fallait trente jours de mer pour rallier Saïgon et davantage pour Nouméa ou Chang-Haï . Quand l'avion n'avait pas encore fait Dakar une lointaine banlieue et que Tombouctou restait un lieu mythique!..

Allez aux colonies! était une invite à la découverte, celle de la primitive Afrique Noire, hier encore terra incognita, de sa savane brûlée par le soleil, de l'exubérante forêt tropicale, de sa faune étonnante... de ses sociétés tribales aux mœurs et coutumes d'un autre âge... C'était aussi la rencontre des civilisations millénaires d'Extrême Orient, longtemps refermées sur elles-mêmes, avec leurs paysages somptueux, leur exotisme raffiné au charme désuet, leur art de vivre envoûtant!..

La réalité n'était pas toujours au rendez-vous des espérances et, sous le soleil des Tropiques " la fièvre" décimait plus sûrement les effectifs que " la balle homicide" (1). Mais génération après génération , il s'est toujours trouvé des Barnavaux pour assurer la relève jusqu'à ce que le "Vent de l'Histoire" tourne définitivement la page sur un demi-siècle de gloire.

Alors, peut-être, ces affiches retrouveront-elles, l'espace d'un instant, le pouvoir de leur jeunesse : celui de recréer le rêve d'évasion, d'horizons infinis, de destins ou l'aventure n'était jamais absente, ni la curiosité... Curiosité pour cet Empire dont il ne reste aujourd'hui que des poussières, proche de nous dans le temps mais déjà lointain dans l'oublieuse mémoire collective.

Au titre des campagnes de recrutement des Troupes Coloniales , il a été tiré simultanément des affiches illustrées, parfois dénommés"tableaux" ainsi que des affiches ne comportant qu'un texte, à l'exclusion de toute illustration.

Nous nous sommes intéressés uniquement aux premières. Toutefois, à titre documentaire, nous avons inclus dans notre présentation un exemplaire d'affiche non illustrée qui nous a paru refléter un moment de notre Histoire .

La comparaison entre les premières affiches et les toutes dernières permet de suivre leur évolution, Au début l'illustration s'accompagne d'un texte souvent détaillé sur les avantages offerts : primes, soldes, carrières, possibilités d'établissement à la colonie ... Puis l'écrit s'épure, se fait court pour devenir incitation :Engagez-vous , Rengagez-vous. limage supplée le texte. On est passé de la lecture à l'imaginaire. C'est l'impact provoqué par le talent de l'Artiste qui nourrira la réflexion... et provoquera la décision.

Entre 1940 et 1942 - période de l'Armée d'Armistice - l'affiche change : format plus petit (restrictions de papier), nouveau sigle (Secrétariat d'Etat à la Guerre - l'appellation Troupes Coloniales est parfois remplacée par celle d'Empire...)

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(1)- Sur les ravages de la seule fièvre jaune :

- au Sénégal, en 1878, une épidémie emporte 685 européens sur 1300 dont 22 médecins.

- en 1881, toujours au Sénégal, les garnisons du fleuve auront une mortalité de 40% et les Anglais, au Ghana, perdront 7 soldats sur 10 (" Aux Colonies"de Eric et Gabrielle Deroo et Marie-Cécile de Tailac- Presses de la Cité - 1992 ).

- En Côte d'Ivoire, à Grand-Bassam, au cours de l'épidémie de 1902-1903, il y eut 42 décès sur une moyenne de 70 à 80 blancs (" Voyages au Dahomey et à la Côte d'Ivoire" de Réné Le Hérissé Lavauzelle -1903).

- 1927 marque la denière épidémie au Sénégal, Une visite du " carré des jauneux" du cimetière de Saint-Louis, au Sénégal, est particulièrement édifiante.

Sur l'insalubrité des régions chaudes et pluvieuses, voir : " Les Pauys Tropicaux" de Pierre Gourou, professeur au Collège de France- Presse Universitaires de France - 1948.

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