L'A.M.B.C. EN INDOCHINE ENTRE 1939 ET 1945
(armement militaire des bâtiments de commerce) Florent Kérisit


Dès le premier conflit mondial, la France dote certains de ses navires marchands et même de ses bâtiments de pêche, d'un moyen de défense contre les sous-marins.

Le concept est repris dès 1939 sous la forme d'un armement défensif minimum contre les sous-marins et les avions, dans quelques cas, d'un équipement contre les mines. Des canons, le plus souvent des 75 et des 90 datant de 1914-1918, ainsi que des mitrailleuses sont installés sur de nombreux navires de commerce. Les marins qui servent ces pièces sont des militaires issus de la réserve. Ils sont instruits à Brest par le centre d'instruction de la flotte commerciale, le C.I.F.C, qui dispose d'un cargo école réquisitionné à cette fin.

A l'instar de l'organisation mise en place en métropole, et sans posséder pour autant une telle structure d'instruction, un service militaire des bâtiments de commerce existe dès septembre 1939 au plan d'armement au personnel de Marine Indochine. Il est chargé d'équiper les navires marchands de l'Union Indochinoise en armement défensif et en servants de pièces.

Après interruption en juillet et août 1940, le trafic commercial reprend à partir du mois de septembre, selon les termes de la convention d'armistice, entre la France et ses colonies, entre ces dernières, entre la France et les pays neutres.

Le trafic entre la France et l'Indochine se heurte bien vite au risque d'arraisonnement des navires par les bâtiments britanniques et aux difficultés de ravitaillement en produits combustibles (charbon, mazout), si bien que, fin 1941, il est interrompu en raison du trop grand nombre d'arraisonnements (75 000 tonneaux de jauge brute ont été capturés sur cette ligne entre septembre 1940 et novembre 1941).

En novembre 1941, il reste en Indochine 5 paquebots, 4 cargos mixtes et 18 caboteurs jaugeant au total 131 000 tonneaux.

En avril 1942, les Japonais réquisitionnent 4 des 5 paquebots, les 4 cargos mixtes et 3 grands caboteurs. Tous armés par un équipage japonais, ils arborent le pavillon du soleil levant. Aucun de ces 11 bâtiments n'échappera aux sous-marins, aux mines ou aux bombardements aériens américains.

Entre avril 1942 et 1945, les navires français restant (le paquebot Khaïdinh et quinze petits caboteurs) sont mis à la disposition du gouverneur général de l'Indochine, le vice-amiral Decoux, et relèvent de la marine nationale. Ils ont pour mission d'échanger le riz et le charbon entre la Cochinchine et le Tonkin, échanges vitaux pour l'Indochine.

Deux d'entre eux seulement, subsisteront à la fin des hostilités, en août 1945 :
- le caboteur Kontum qui, bien que sabordé par petits fonds lors du coup de main japonais de mars 1945, reprend du service avant de se perdre sur une mine près du cap Saint-Jacques en 1946.;
- le caboteur Jean Dupuis qui, bien que gravement endommagé en janvier 1945 lors des bombardements de Saïgon par le task group 38 de l'aéronavale américaine (l'objectif de la sortie des avions étaient de détruire les forces navales, les bases et le trafic commercial japonais) est réparé et reprend du service en novembre 1945.


L'insigne présenté ci-dessus est celui de l'armement militaire des bâtiments de commerce stationnés en Indochine dont l'historique sommaire a été établi supra.

Réalisé en tôle mince, argentée et peinte, il représente un navire marchand dont la coque noire qui porte la distinctive nationale se détache sur un fond de nuage blanc mettant également en valeur la fumée noire. Le navire porte un canon à l'avant et un autre à l'arrière. Le bleu du ciel est légèrement plus clair que celui de la mer. Les lettres AMBC s'inscrivent en rouge entre les vagues argentées.

Capitaine de frégate Florent Kérisit

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